Une Légende …

Légende de Saint-Avé

En un temps, qu’on ne saurait préciser, vivait dans un village non loin de Vannes, à KERAVE, aujourd’hui KERAVY, un personnage que les bonnes gens avaient en vénération. Il avait nom AVE. Il était de petite taille et de chétive constitution.

De partout on accourait à ses prières car elles avaient des effets merveilleux comme celle des vieux saints d’Armorique.L’évêque de Vannes avait alors une maison de plaisance au village de KERBIGUET. Il aimait venir s’y reposer des fatigues et de soucis de son ministère pastoral. Notre petit Avé lui offrait bénévolement ses services pour les bas emplois de la maison.

Par ailleurs i l se livrait aux travaux durs et pénibles dans une carrière des environs, qu’on continue d’appeler « MENGLEIEU SAINT-AVE. Malgré sa faible apparence, il remuait facilement les blocs de granit, ce qui étonnait fort ses compagnons de travail.Il commençait toujours sa journée par l’assistance à la messe tantôt à l’église du Bourg-d’en-haut, tantôt à celle de Meucon, sa trêve.

Quand il revenait par la lande de Lézélec de nombreux solliciteurs l’accompagnaient jusqu’à sa demeure et lui présentaient leurs malades. Avec la seule imposition des mains, il guérissait radicalement les constipations et diarrhées.Malheureusement les enfants –cet âge est sans pitié, a dit le poète- lui manquèrent gravement de respect.Avé, à son heure accoutumée, gagnait ce matin-là, par le travers de landes arides de Lézélec, la chapelle Sainte Magdeleine de Meucon, quand, soudain, il vit se dresser devant lui, des petits gars qui prétendaient lui barrer la route. C’étaient des bergers dits « buguls » en breton qui gardaient les troupeaux. Ils commencèrent par former une ronde autour de lui en se tentant par les mains. Tout en dansant, ils se mirent bientôt à l’injurier grossièrement : « Hé ! Va donc, vieux raté. Prie tant que tu voudras. Tes patenôtres n’ajouteront pas un pouce à ta taille. Tu resteras toujours le bonhomme « petit nain »

Un châtiment qui serait une leçon pour la postérité, s’imposait. On a beau avoir toutes les vertus du ciel, il ya des outrages qui ne doivent pas être tolérés, témoins les 40 gamins, qui avaient hué le prophète Elisée, à cause de sa tête chauve : des ours, sortis d’une forêt voisine, dévorèrent avidement tous ces mauvais garnements.Avé indigné , dit à ses jeunes insulteurs, « méchants bergers puisque c’est ainsi que vous soldez votre dette de reconnaissance pour le bien que j’ai fait dans le pays, vous resterez nains vous-mêmes. !Vous apprendrez à vos dépens que c’est le Bon Dieu qui donne ou refuse la taille. »

La mauvaise conduite de ces enfants reçut une impitoyable sanction ; les bergers de la lande de Lézélec gardèrent leur petite taille, eux et leurs descendants pendant plusieurs siècles. Ils devinrent ce peuple malicieux de Nains des « Pautred Kéah » (pauvres gars) ou lutins des « Polpekianned » ou Poulpiquets, qui dans le silence de la nuit, dansent au clair de lune autour des menhirs et des dolmens.

Quant à St-Avé il perdit du coup, tout son crédit. Les habitants du pays conçurent pour lui une Une haine violente et tenace ; ils ne lui pardonnèrent jamais le châtiment infligé à leurs petits gars. La mauvaise conduite de ces enfants reçut une impitoyable sanction ; les bergers de la lande de Lézélec gardèrent leur petite taille, eux et leurs descendants pendant plusieurs siècles. Ils devinrent ce peuple malicieux de Nains des « Pautred Kéah » (pauvres gars) ou lutins des « Polpekianned » ou Poulpiquets, qui dans le silence de la nuit, dansent au clair de lune autour des menhirs et des dolmens.

Après la mort d’Avé, il se produisit plusieurs faits miraculeux, entre autre des guérisons. Le recteur proposa aux paroissiens de prendre ce saint homme pour protecteur. Aussitôt ils s’écrièrent : « Ah non !. Celui que vous voudrez mais pas celui-là. » On lui substitua donc 2 saints, 2 frères jumeaux, Gervais et Protais, martyrs, totalement inconnus dans le pays breton. Du haut du ciel Saint Avé ne maudit pas ses compatriotes, mais il fut tout de même froissé d’avoir été mis de côté. Il jeta sur eux et leurs voisins, dont il redoutait les sarcasmes, une sorte de défaveur, qui a occasionné dans la suite le dicton populaire suivant :

« Si vous venez à Saint-Avé sans être raillé,

A Plescop sans être molesté,

A Mériadec sans être assommé,

Vous pouvez faire le tour du monde. »

(Inspiré des « Contes et légendes de Bretagne de François Cadic.)

tiré de la « MONOGRAPHIE HISTORIQUE DE SAINT-AVE » de A. DANET